L'Affaire Lumumba par Ndaywel
Patrice Emery Lumumba est arrêté à Lodi, localité située au bord de la rivière Sankuru, dans la nuit du 1er au 2 décembre 1960. Quels sont les facteurs qui ont conduit à cette arrestation ?
Après seulement deux mois à la tête du gouvernement, Patrice Lumumba va susciter plusieurs hostilités à son encontre; hostilités liées essentiellement à son nationalisme radical et à son tempérament fougueux. Plusieurs groupes vont se liguer contre lui.
1. Les autorités belges. Elles sont en conflit ouvert avec le 1er ministre congolais pour plusieurs raisons. D'abord, les belges considèrent que Patrice Lumumba a commis un crime de lese-majesté lors de son discours du 30 juin, non prévu dans le protocole de la cérémonie, devant le roi Baudouin. Même si, lors du dîner, Patrice Lumumba avait fait amende honorable, cela ne lui a jamais été pardonné. Ensuite, on lui reprochait le fait qu'il n'ecoutait pas " les conseils " des autorités belges. Enfin, la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique du fait que celle-ci avait agressé le Congo en déployant ses militaires sur le territoire national sans l'accord préalable du gouvernement congolais.
C'est ainsi que, par exemple, Van Bilsen, l'auteur du fameux plan de trente ans, qui était devenu le conseiller du président Kasa-vubu, va demander au président congolais, au nom du premier ministre belge Eyskens, de révoquer le premier ministre Lumumba.
2. Les autorités américaines reprochaient à Lumumba son supposé communisme et qu'il risquait de faire basculer le Congo dans le bloc soviétique; scénario que l'Occident ne pouvait pas accepter. Même si Lumumba a, à plusieurs reprises, menacé de faire appel à l'Union soviétique, il n'a jamais été communiste. Il y a d'ailleurs un rapport de la CIA du 25 janvier 1961 qui va le confirmer. Malheureusement, 8 jours après son assassinat.
3. Les Nations-Unies. Patrice Lumumba va entrer en conflit ouvert aussi avec Dag Hammarjold, le Secrétaire général des Nations-Unies sur base des deux malentendus.
Le premier est lié à l'interprétation du mandat de l'ONUC (Opération des Nations-Unies au Congo). Pour Lumumba, les casques bleus sont venus pour aider son gouvernement à combattre, par la force, la sécession katangaise de Moïse Tshombe et la sécession kasaienne d'Albert Kalonji. Alors que, pour Dag Hammarjold, la mission des casques bleus est de protéger la population en maintenant l'ordre public et de négocier avec Tshombe pour la réunification du pays.
Le second malentendu. Dag Hammarjold décide de se rendre à Lubumbashi pour négocier avec Tshombe le déploiement des casques bleus au Katanga. A son arrivée à l'aéroport de la Loano où il est accueilli par les autorités du Katanga, Dag Hammarjold s'incline instinctivement devant le drapeau du Katanga qui lui est présenté. Il va vite se rendre compte de son erreur et continuer sa marche. Les autorités katangaises sont très contents parce que, pour eux, en saluant leur drapeau, le Secrétaire général des Nations-Unies a officiellement reconnu leur État. En apprenant cela, Lumumba va se brouiller avec Dag Hammarjold.
4. L'Eglise catholique. Au-delà de l'antipathie liée à son communisme supposé, l'Eglise catholique du Congo reproche à Patrice Lumumba sa volonté de nationaliser l'université Lovanium ( qui deviendra l'université de Kinshasa ), qui est une propriété privée de l'église catholique. Le premier ministre est soutenu dans cette démarche par son ministre de l'Education nationale Pierre Mulele. Au mois d'août 1960, une délégation ecclésiastique, conduite par Monseigneur Luc Gillon, va rencontrer le président Kasa-vubu pour lui signifier leur désapprobation de ce projet. Projet que, en fin de compte, Joseph Mobutu, devenu président de la république, va réaliser en 1971.
5. Les politiciens congolais. Les différends entre Patrice Lumumba et ses adversaires politiques congolais sont liés soit à des divergences politiques, soit à des animosités personnelles. Dans ce groupe, on trouve le président Kasa-vubu, le colonel Mobutu, Justin-Marie Bomboko, Victor Nendaka, Moïse Tshombe, Albert Kalonji, etc. De son côté, Patrice Lumumba a le soutien de deux chambres du Parlement et de la majorité des membres du gouvernement.
6. La question qui se pose, après son arrestation, est la suivante: que fait on maintenant de Patrice-Emery Lumumba ?
A suivre !
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