Page d'histoire : Dès la proclamation de l'Indépendance de notre pays, le 30 juin 1960, la collaboration entre le président de la République Joseph Kasa-Vubu et le premier ministre Patrice Emery Lumumba, était satisfaisante et responsable. Mais rapidement, à la suite des divergences d'approches politiques et des interférences extérieures, les relations entre les deux responsables politiques congolais vont se détériorer et conduire à la rupture.
1. Le lendemain de la proclamation, par Moïse Tshombe, de la sécession katangaise le 11 juillet 1960, le président Kasa-Vubu et le premier ministre Lumumba décident courageusement de prendre l'avion et d'aller à Lubumbashi (Elisabethville) pour mettre un terme à " l'aventure " de Tshombe.
Arrivés au-dessus de l'aéroport de la Loano, le commandant Guy Weber, commandant du contingent belge qui s'est déployé à Lubumbashi le 10 juillet 1960 en provenance de la base de Kamina, leur refusa l'autorisation d'atterrir. Joseph Kasa-Vubu et Patrice Lumumba vont conclure que c'est la Belgique qui est à la base de la sécession du Katanga.
2. C'est ainsi que, le 12 juillet 1960, les deux leaders congolais vont signer ensemble, à partir de Kindu, un télégramme adressé au Conseil de sécurité des Nations-Unies pour demander une aide militaire contre l'agression belge du territoire national: " Insistons sur extrême urgence envoi troupes ONU au Congo fullstop".
3. Dans la nuit du 12 au 13 juillet 1960, le Conseil de sécurité adopte la résolution 143 qui demande à la Belgique de retirer ses troupes de la République du Congo et décide d'envoyer des casques bleus. Cette opération est dénommée ONUC (Opération des Nations-Unies au Congo). C'est, jusque-là, la plus grande opération des Nations-Unies depuis sa création.
4. Le premier ministre congolais Patrice Lumumba n'est pas très satisfait de cette résolution du Conseil de sécurité parce qu'elle ne condamne aucunement la Belgique (qui est protégée par les États-unis au sein du Conseil de sécurité) et ne fait aucune allusion à la sécession katangaise.
En plein accord avec le président Kasa-Vubu, Patrice Lumumba, le 14 juillet 1960, décide de rompre les relations diplomatiques avec la Belgique et envoie, le même jour, un télégramme au président de l'URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques), Nikita Khrouchtchev dans lequel il annonce que nous " pourrions être amenés à solliciter intervention de l'Union soviétique si camp occidental ne met pas fin à acte d'agression contre souveraineté république du Congo ".
Le 15 juillet 1960, le président Nikita Khrouchtchev va répondre favorablement à la demande des autorités congolaises (Kasa-Vubu et Lumumba) en disant, dans une lettre, que l'URSS " n'hésitera pas à prendre des mesures énergiques pour mettre un terme à l'agression " du Congo. Dans cette même lettre, Khrouchtchev prononcera cette phrase historique: " l'Union soviétique a une exigence simple: pas touche au Congo !".
5. Pour certains américains, en particulier les responsables de la CIA, Patrice Lumumba, par ce télégramme envoyé à Moscou, venait de signer son arrêt de mort ! En effet, pour eux, Lumumba, en faisant appel à l'URSS, donnait la preuve de son engagement communiste d'une part, et risquait de provoquer, inconsciemment, le déclenchement d'une troisième guerre mondiale, d'autre part. Il devait donc mourir !
6. Les pressions extérieures, en particulier américaines mais aussi, et surtout, belges vont s'exercer de plus en plus fortement sur le président Kasa-Vubu pour qu'il demette le premier ministre Lumumba.
C'est ainsi que le 5 septembre 1960 à 20h, le président Kasa-Vubu annonce en direct à la radio nationale, et à la surprise générale, la révocation du premier ministre Patrice Lumumba. Une heure après le passage du président Kasa-Vubu, le premier ministre Lumumba vient annoncer à son tour, à la même radio, qu'il révoque le président de la République !
7. Pataugeant déjà dans plusieurs crises (crise militaire avec la mutinerie de l'armée; crise diplomatique avec l'agression militaire de la Belgique avec ses 10.000 militaires déployés au Congo; crises politiques avec les sécessions du Katanga et du Sud-Kasai), le Congo va sombrer, dans cette nuit du 5 septembre 1960, dans une crise institutionnelle !
A suivre !
Par Thomas Luhaka Losendjola
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