"Je ne renie rien. Je raconte... " Extraits tirés des Pages 219, 256, 269 et 308-309 du Maitre José Patrick Nimy Mayidika Ngimbi

sam. 26/2/2022       sam. 26/2/2022       4 minutes et 12 secondes       106 Vues

L'histoire d'un parcours sur un parcours d'histoiresde Maître José Patrick Nimy Mayidika Ngimbi (magistrat de grande renommée, Président de la Cour Suprême de Justice et ancien Directeur du cabinet du Président Mobutu Sese Seko, de 1977 à 1987) [Extraits tirés des Pages 219, 256, 269 et 308-309], paru aux Editions l'Harmattan en 2006.

Avec la mort de Jean Litho intervenue le 25 février 1982, le cours de la vie privée de Mobutu en sera profondément marqué par les nouvelles obligations multiformes résultant de la gestion patrimoniale et humaine de la lourde succession du [cousin] défunt.

La configuration des groupes de pression et des cercles d’influences autour de Mobutu sera revisitée par la montée en puissance des Ngbandi métis. Mobutu perdait à la longue tous les vieux de son ethnie disposant encore tant soit peu de quelque ascendant moral sur lui.

Et depuis lors, ce sera autour de Mobutu… le ballet des chauves à la cour du roi Pétaud. [...]. C’est à partir de la disparition de Litho que je commençai personnellement à mieux cerner les rivalités fratricides autour de Mobutu entre les Ngbandi métis et Ngbandi noirs, le camp des noirs étant piloté par le couple Vunduawe et N’Gbanda. Chaque groupe s’emploiera pour les besoins de son combat à se fidéliser une clientèle politique, civile et militaire parmi les cadres du Parti-État [...]

[...] En 1977, devenu directeur du bureau de Mobutu, j’entendrai dans cet hémicycle, pour la 1ère fois, les membres de cet organe législatif du Parti unique remettre en cause la crédibilité de Mobutu et poser clairement la question de son maintien ou non à la tête du pays.

Les commissaires du peuple Ngalula, Makanda, Yelemenga, Matonda Tsakala, Lumbu, Maloba, Tshisekedi, Mwando Nsimba, Belchika, seront impressionnants de verve et de pétulance, avec un sens rare du sarcasme et de critique dure.

S’adressant à nous, Ngalula, par exemple, nous posera la question suivante : “Comment, des gens aussi intelligents et brillants que vous deux, pouvez accepter de défendre des réformes politiques aussi absurdes ?” [...]

Un autre s’exclamera: “Jusqu’à quand allons nous accepter qu’un homme continue de décider seul comme bon lui semble de l’avenir de toute une nation?” Ou encore: “Après 10 ans de règne sans partage et sans résultats, pourquoi Mobutu ne pense-t-il pas à rendre le tablier ?”

Toutes ces interventions seront accueillies par un tonnerre assourdissant d’applaudissements de la part des autres parlementaires, hormis les fidèles et affidés inconditionnels du MPR qui manifesteront tout aussi bruyamment contre leurs collègues.

L’année 1979 m’avait vu littéralement monter au créneau aux côtés du président de la République à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Je me sentais, comme on dirait, plus en confiance auprès du chef de l’État.

Hélas, pas pour longtemps. Car, en ce mois de janvier 1980, il sera créé, à côté du bureau présidentiel, un cabinet privé du président de la République, chargé (officiellement) des questions de l’intendance personnelle du chef de l’État.

En fait, de tout ce qui était lié par exemple au fonctionnement, à l’entretien et l’approvisionnement de ses résidences et propriétés, tant au pays qu’à l’étranger ainsi qu’à la gestion de nombreux problèmes de la famille et des enfants.

L’initiative de cette réforme était l’œuvre du Conseil national de sécurité qui, pour plus d’une raison, rêvait tant qu’il en fallut d’un bureau du président moins ombrageux et devant constamment être tenu sous l’œil du cyclone.

J’avais vite compris qu’en réalité, c’était moi qu’on voulait déstabiliser et fragiliser à travers ce que l’on espérait créer comme confusion des genres, des titres, des structures entre directeur privé et directeur public, cabinet privé et cabinet officiel, ... Bref, un environnement général bordélique et malsain pour un travail de qualité à ce niveau des institutions de la République. [...] Et je me souviendrai toujours de cette réflexion bizarre que m’avait faite Félix Vunduawe en octobre 1980 à Lisala [...] lors des festivités du cinquantième anniversaire de Mobutu : "Dis Nimy, pourquoi le président ne fait-il pas davantage confiance?" Me le confiant, il savait certainement ce qu’il en pensait lui-même. [...]

J’avais préféré ne pas lui répondre, encore moins en parler avec lui. Mais venant d’un homme qui était du sérail ethnique de Mobutu et très proche de ce dernier, je m’étais bien dit qu’il devait se passer des choses dans les caves et les sous-sols du pouvoir.

 

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Benjamin Babunga Watuna © : Benjamin Babunga Watuna - Février 2022

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