IL Y A 10 ANS JOUR POUR JOUR : Augustin Katumba Mwanke (surnommé "l'homme qui murmure à l'oreille de Kabila") mourrait dans un crash d'avion à Kavumu (Bukavu)

ven. 25/2/2022       ven. 25/2/2022       3 minutes et 53 secondes       120 Vues

Je vous propose cet extrait tiré de son livre post-mortem "Ma Vérité", publié en 2015 (Extraits tirés des pages 184-185).

Le Boss [Joseph Kabila] me dépêcha auprès de Museveni, Président ougandais, pour lui rendre compte des résultats de Sun City et des blocages insurmontables rencontrés à Matadi.

Museveni proposa, pour dépasser les difficultés rencontrées avec le RCD non signataire à Sun City et avec le MLC à Matadi, de nommer 3 Vice-Présidents, 1 pour le RCD, 1 pour le MLC et 1 pour l’opposition politique. Le Boss trouva que cette proposition était intéressante et l’améliora par l’ajout d’un 4ème Vice-Président représentant la composante gouvernementale.

On ne gagnait pas seulement en termes de logique d’équilibre un Vice-Président en faveur de notre composante, mais nous mettions le Président de la République en dehors de la mêlée. Il était et demeure sacra mentalisé, intouchable, dominant tout l’édifice en négociation.

Afin de neutraliser les Rwandais et de les impliquer dans l’opération en préparation, nous nous tournâmes directement vers eux. Dan Gertler et Haim qui disposent de fortes relations ont été mis à contribution. Ils furent très efficaces puisque lorsque je me rendis secrètement à Kigali pour vendre au Président Kagame la formule 1+4, je n’eus point de difficulté à obtenir son approbation. Dans la foulée, se tint le sommet de l’Union Africaine à Durban où j’ai pu convaincre Mojanku de la pertinence de la formule.

Je savais les Sud-Africains preneurs dans tous les cas de toute solution qui permettait d’enterrer l’accord partiel de Sun City et de réintroduire le RCD dans le jeu. Lorsque nous avons quitté l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki était encore très fâché contre nous. Il fit parvenir une lettre très salée au Boss, qui lui répondit par une lettre mesurée, dense et responsable. Il m’envoya avec Kikaya expliquer de vive voix le processus ainsi engagé au Président Sud-Africain. Ce dernier, travaillé par son infatigable et efficace conseillère Mojanku, nous reçut avec chaleur. La position que le Boss nous avait instruit de transmettre était nette : nous étions prêts à négocier avec les Rwandais, mais à condition que ceux-ci quittent notre territoire.

En marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies tenue à New York en septembre 2002, une réunion extraordinaire se tint au Waldorf Astoria. Quatre hommes y prenaient part : le Boss Joseph Kabila Kabange, George W. Bush, Thabo Mbeki et Paul Kagame. La langue de travail était, comme tout le monde l’aurait deviné, l’anglais :

  • Paul, when are you leaving Congo? Demanda Bush en vrai texan.
  • In 3 weeks, répondit Kagame dans sa sobriété bien connue.
  • Condy, you follow! ajouta Bush, en direction de Condoleeza Rice.

Puis Bush se tourna vers notre Président :

  • Kabila, you take care of FDLR.
  • I will! répondit le Boss avec une sobriété encore plus concise, mais avec un volontarisme qui rendait crédible sa réponse.

La négociation avec les Rwandais pouvait commencer à Pretoria sous les auspices du Vice-Président Sud Africain Jacob Zuma. A l’issue des négociations, le texte de l’accord était prêt. J’exprimai le vœu de disposer d’un temps pour en informer le Boss mais Zuma ne me laissa point la chance d’un répit.

  • Just sign, and I’ll go naked! dit-il.

Insensible à la nudité des hommes, je cédai pourtant. Nous signâmes sous la terrible et imparable pression. L’horizon des négociations en Afrique du Sud avec le RCD sur le montage 1+4 était désormais dégagé.

Sur instruction du Boss, Théophile Mbemba et moi-même engageâmes les discussions avec Ruberwa et Emungu… En vertu de cet accord, nous donnâmes la Vice-Présidence du Domaine de Souveraineté au RCD, l’Economie au MLC, le Social à l’Opposition Politique, les Mines au Gouvernement.

Par cette répartition, nous cherchions à garder en main les secteurs qui accroîtraient nos moyens dans la perspective de la campagne électorale. Nous laissâmes, à dessein, les secteurs de prestige à nos adversaires, surtout que parmi eux, il y en avait qui étaient prêts à tout sacrifier pourvu que les apparences et l’ostentation soient sauves. Au bout de compte, chacun était servi, selon ses paramètres et ses intimes motivations.

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Benjamin Babunga Watuna © : Benjamin Babunga Watuna - Février 2022

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